Rien de tel qu'une bonne blanquette de veau pour assassiner son mari...Étonnant ? Non, si l'on sait ajouter dans la recette, à côté d'une masse de viande, d'un riz bien parfumé et de quelques légumes, du Tranxène en plusieurs cachets, écrasés jusqu'à ressembler à de la maïzena avant de tout laisser mitonner. Bien gentiment. Amoureusement.
Après quoi, on passe le bouillon dans un fin linge blanc, on fait fondre le beurre dans une autre casserole, on ajoute encore une cuillerée à soupe de Tranxène. À la place de la fécule. Doucement on mélange le tout, on remue jusqu'à ébullition, on surveille l'éventuelle formation de grumeaux. C'est un moment important, surtout quand il s'agit d'empoisonner son mari. Un brin de céleri pour annihiler l'âcreté du somnifère et le tour est joué, le plat dressé...
Pour son premier roman, Laure Buisson a choisi l'amour. Pas n'importe quel amour, celui d'une femme qui se décide, après 32 ans, à en finir avec un homme qu'elle aime trop. En finir, avec lui. Femme sacrifiée à l'autel du mariage, bonne mère et sublime cuisinière, la narratrice brosse, en une langue savoureuse, implacable, forcément implacable, et limpide, maintenue par le fil de l'émotion, un portrait de l'amour qui fait d'elle-même une formidable criminelle.