Peut-on trouver une forme de sérénité dans un monde qui souffre et où tant d'êtres humains sont sacrifiés ? Comment vivre pieds et poings liés à la dictature de la rentabilité, qui tient pour rien ce qui ne se comptabilise pas, ce qui ne se gère pas ?
Nous avons certes le choix. Nous pouvons nous lancer à corps perdu dans la bataille, et faire alors de la sérénité un à-côté de la vie, un loisir. Jouir de l'instant présent et accumuler les profits, être zen pour être plus efficace. Ou alors nous pouvons ouvrir les portes et les fenêtres de la maison et de notre propre esprit. Être prêt à assumer que le monde est tendre, c'est-à-dire fragile et donc nécessairement poignant.
Si nous acceptons la vulnérabilité de notre être et la tendresse du monde, c'est que nous avons quitté la prison du « moi, moi-même et encore moi » - la recherche du confort et de la sécurité à tout prix que Franz Kafka décrit comme l'enfermement dans un terrier. La vulnérabilité n'est pas aussi effrayante que nous le croyons ; elle est même le socle de toute éthique possible.
Fabrice Midal, né en 1967, a été professeur de philosophie, critique d'art à La Vie, et pendant plus de dix ans chargé de cours en photographie à l'Université Paris VIII ; il est aujourd'hui éditeur (chez Belfond, il dirige la collection L'Esprit d'ouverture dans laquelle il a notamment édité Christopher Hitchens, Richard Precht et Yu Dan ; chez Pocket, la collection Evolution), producteur occasionnel à France-Culture, auteur d'une vingtaine de livres, conférencier et fondateur de l'Ecole Occidentale de Méditation. Parmi ses ouvrages : Et si de l'amour on ne savait rien ? Albin Michel, 2010. La Voie du chevalier, Dépassement de soi, spiritualité et action, Payot, 2009. L'Écoute du ciel, Pygmalion, 2009. Risquer la liberté, vivre dans un monde sans repère, Seuil, 2009. Hommage à l'amitié, Le Pré aux clercs, 2008. En septembre 2012 paraît Auschwitz, l'impossible regard