De la chute du Premier Empire à l'entrée dans la Grande Guerre, l'Europe vit un siècle de bouleversements. Le congrès de Vienne cherche à remettre sur ses bases "l'équilibre européen" que la France avait tant bousculé. Mais les dynamiques du siècle tiennent aussi aux mouvements de va-et-vient de la "puissance", dans lesquels entrent en compte la professionnalisation du commandement et les transformations des armées, le développement industriel, l'exportation des capitaux, la vigueur démographique. Les États déclinants, l'Empire des Habsbourg et l'Empire ottoman, font contraste avec des puissances jeunes, celles des mouvements nationaux unitaires, l'Italie et surtout l'Allemagne. La France peine à reconstituer les cadres extérieurs de son influence passée. La Grande-Bretagne demeure un observateur à vocation d'arbitre. Le XIXe siècle d'industrialisation et d'urbanisation, est aussi le cadre d'un vaste mouvement de recomposition des forces sociales. Les anciennes élites ne connaissent qu'un déclin tempéré, mais l'heure est au partage du pouvoir entre elles et les bourgeoisies, dont l'essor se traduit par la progression des garanties dont bénéficient les libertés publiques et par l'élargissement du droit de suffrage. Le monde ouvrier est certes la force montante du siècle, mais il est loin d'être partout numériquement fort, ni de condition homogène. Les campagnes sont partagées entre mobilités et politisation d'un côté, arriération et hiérarchies de l'autre. Enfin, toute la culture européenne est portée par le XIXe siècle à de profondes remises en cause. Déchristianisation et détachement vis-à-vis de la foi ne sont que des signes, parmi beaucoup, d'une tendance à la sécularisation de la pensée et des relations sociales, que les Églises combattent, chacune à leur manière.