Rédigés entre 1937 et 1953, ces textes inédits, qui ont parfois été développés en roman, ne cessent de surprendre par leur beauté soutenue, leur mystère, leur mélancolie et, toujours, leur vision aiguë d'un monde à la sérénité trompeuse. Que ce soit dans Au bord du lac (dont le narrateur, un vieil homme aigri, refuse de reconnaître que son intransigeance égoïste l'a voué lui à la solitude et sa famille au malheur), ou dans Les pruniers blancs (vingt ans après une fugue mémorable, un artiste peintre retrouve la fille de son premier grand amour : serait-elle aussi la sienne ?) ou encore dans Le cahier du moine Tchoken (au soir de sa vie, un vieil universitaire entreprend d'écrire le récit de l'existence d'un moine dont la conduite scandaleuse le fascina dans sa jeunesse), on retrouve cette nostalgie rêveuse, ce besoin d'imaginer ce qui aurait pu être et n'a pas été, traités de manière éblouissante - et souvent dérangeante - par le grand maître japonais de la nouvelle.