M. Philippe était de taille moyenne, d'aspect fort simple. Il avait des cheveux noirs très fins, portés assez longs. Ses yeux, de couleur changeante, étaient ordinairement d'un brun assez clair, parsemés de paillettes dorées. Le regard était d'une douceur pénétrante ; vif et mobile, il se portait souvent plus loin que la personne ou l'objet considéré, et devenait parfois impérieux.
Tantôt son attitude était pensive et grave, tantôt il redressait le buste et la tête, son teint et la couleur de ses yeux s'éclaircissaient ; il rayonnait.
Il marchait beaucoup sans se hâter. Jamais pressé, il n'était jamais inactif. D'une grande habileté manuelle, il pouvait faire lui-même ses instruments de laboratoire. Il fumait beaucoup et ne s'accordait que très peu de sommeil.
Dans son activité inlassable il savait prendre le temps de faire une partie le soir en famille, à la brasserie, ou d'aller au théâtre avec les siens. Il plaisantait parfois avec bonhomie, le plus souvent pour faire naître une pensée élevée.
Il ne montra jamais de préférence pour aucune classe sociale ; d'une exquise politesse envers quiconque, il parlait à tous avec une bienveillante simplicité. Mais, par-delà cette bienveillance, une autorité et une liberté transcendantes émanaient de lui. Cela se conçoit car, " Il était, dit le docteur Lalande, tellement grand en connaissance, si libre, que nulle de nos mesures ne s'adaptaient à lui. Logique, morale, sentiment de la famille, tout cela n'était pas pour lui ce que c'est pour nous, puisque la vie entière se présentait à lui avec le passé et l'avenir liés ensemble en un seul tout spirituel, dont il savait la nature, l'essence, les raisons, les lois, dont il possédait les rouages... Et il donnait par ses bienfaits, cures morales et physiques, actes de science ou de miracle (c'est-à-dire sur-science pour nous), des preuves que son enseignement était vrai ".