Les histoires ne sont jamais ce qu'elles devraient être, ou ce qu'elles pourraient. A la vérité, les histoires ne sont jamais ce qu'elles sont. Tant de facteurs interviennent entre leur réalité profonde et la perception que vous pouvez en avoir. Les histoires, et voilà leur drame permanent, ne parviennent jamais à communiquer parfaitement avec ceux à qui elles s'adressent, qu'elles essaient parfois d'intéresser, sinon de convaincre. Ceux dont elles essaient de retenir l'attention. Tout simplement, les histoires viennent d'une autre réalité, d'un autre monde, et chaque fois qu'elles le quittent, c'est pour une tentative de conquête - une émergence dans une autre réalité qui est la vôtre. Alors...
Alors, que dire de celui qui se propose d'être passeur ? Celui dont le rôle consiste à aider les histoires à vivre ? Car il ne sait jamais lui-même ni pourquoi ni comment il doit jouer ce rôle. Ni pourquoi ni comment. Tout ce qu'il sait, c'est que l'utilisation faite de son travail obéit au pouvoir de l'horreur, et qu'il ne peut y échapper s'il veut vivre, que chaque mot écrit ou prononcé contient sa charge de danger pour les autres. Chaque mot, pareil à une sentence...