Partant pour la guerre, le jeune baron prussien Manfred von Richthofen emporte le souvenir de ses parties de chasse dans les forêts de Silésie, les paysages de son enfance et l'image de sa mère, fière de le voir prendre sa place dans une longue lignée de militaires. Il chevauche, altier, martial, parmi les uhlans, les nobles cavaliers de l'empire germanique, songeant déjà aux charges qui lui vaudront la Croix de fer. Mais le temps des héros est révolu. C'est la première guerre mondiale, celle des tranchées boueuses et des canonnades aveugles, des villages en ruines, des civils affolés et des francs-tireurs en embuscade. Pas d'espace où lancer les chevaux au galop, pas de lumière où faire étinceler l'acier des sabres. Dérouté, maladroit, Manfred se sent plus meurtrier que soldat. L'orgueil ne brillera pas dans les yeux de sa mère.
Reste le ciel. L'aviation balbutiante y réalise ses premiers exploits. Manfred sera pilote. Tous ses rêves de gloire prennent le chemin des nues. En trois ans, il s'impose comme le plus redoutable chasseur du firmament. Là-haut, la guerre redevient digne. Le soleil et le vent se font témoins de duels où la mort n'efface pas la beauté.
Adulé par les siens comme par les Alliés, Manfred von Richthofen invente une nouvelle chevalerie, aérienne. Tout héros a son blason, ses couleurs. Manfred n'en choisit qu'une, dont il fait entièrement repeindre son avion. Ainsi naît la légende du Baron Rouge.
Fasciné depuis l'enfance par Manfred von Richthofen, Stéphane Koechlin lui consacre un récit d'aventures ample et poétique, lumineux, à la mesure du ciel où se déploya le génie de l'aviateur.