Vernon Subutex est un ancien disquaire plutôt cool ; sa boutique n'a pas résisté au monde actuel. Il survit dans son appart parisien jusqu'au jour où les huissiers débarquent parce qu'il n'a pas payé son loyer depuis trop longtemps.
Grâce à d'anciennes relations, Vernon va jouer la carte de la débrouille. Mais le système D n'a qu'un temps et du canapé-lit des anciens potes à la manche devant le Franprix, il n'y a qu'un pas.
Comme un road movie sans road mais avec métro, Despentes entraîne le lecteur au cœur de Paris, à la rencontre de personnages plus vrais que nature. Suivez le guide, j'ai nommé Vernon Subutex.
Vernon Subutex, le geek à la quarantaine bien frappée à qui on a suspendu le RSA, l'accro à Facebook et aux réseaux sociaux (fil rouge de l'histoire), Vernon Subutex, disais-je, qui rencontre tour à tour un trader qui parle comme il vomit, une ancienne star du porno, une journaliste boulimique, Patrice qui cogne sa femme, une SDF difforme mais poète, une gamine qui porte le foulard comme on fait sa crise d'adolescence, son ancien pote Xavier qui a viré réac' (...)
Tous ces personnages prennent vie et, sous la plume rythmée de Despentes, forment au final une radiographie de la ville et de la société en 2015 : pourquoi se voiler la face ? L'extrême droite, l'intégrisme, la drogue, l'alcoolisme, le fric à tout prix, la précarité, les bobos, les frustrés, les types qui battent leurs femmes mais à qui on ne propose pas grand-chose à part des groupes de parole. tout ça existe. Inutile de faire l'autruche.
Comme un Zola du XXIe siècle, Despentes nous livre la France en crise sur un plateau repas.