Rescapée des camps de concentration et de torture sous la dictature militaire argentine, Pilar Calveiro revient sur l'expérience concentrationnaire pour s 'interroger sur la genèse, la nature et les modalités d'un pouvoir totalitaire fondé sur le principe de disparition: comment et pourquoi l'existence des camps de concentration et d'extermination a-t-elle été possible en Argentine? A quel projet politique répondait-il? Quelles traces ont-ils laissées jusqu'à ce jour sur la société et la mémoire collective? A travers l'expérience des camps, l'auteur dépasse les logiques binaires (victimes/bourreaux, traitres/héros) pour identifier des constantes qui témoignent d'un élan concerté et cohérent visant à déposséder l'Autre (l'opposant, le " subversif ") de toute l'humanité (en le torturant), de tout pouvoir (en le coupant du monde) et enfin de toute existence (en le faisant disparaître), pour au bout du compte, dépolitiser la société toute entière.
En analysant sans complaisance les aspects, mécanismes et protagonistes de cette "logique de disparition", Pilar Calveiro explique ce passé proche et douloureux pour en dégager des clés politiques permettant d'appréhender le présent et d'affronter l'avenir.