C'est l'un de ces livres rares qui, telle une chanson que l'on se repasse en boucle, vous donnent envie, sitôt refermé, de le rouvrir, pour se laisser étreindre par l'émotion d'une histoire d'amour triste et belle, d'une voix pleine de douceur, de rage et de mélancolie. Cette voix, c'est celle de François Roman, "poète appointé par l'industrie du disque", entendez parolier. Homme de l'ombre et de la nuit, ce quadra "né trop tard pour les lacrymos et la guérilla", nihiliste et romantique, a choisi, en désespoir de cause, les mots pour se battre et se rebeller contre une société rongée par l'ennui et la pornographie généralisée... Reste alors, encore et toujours, les mots, pour résister au ressentiment, à l'amertume, et maintenir au-delà du souvenir la beauté d'un instant inoubliable. Comme ce roman furieusement moderne, lucide et grave, emprunt de grâce, de sensibilité et d'une douceur inédite.