Le mardi 23 juin 1812, la plus impressionnante armée des temps modernes franchit le Niemen : 430 000 hommes, parlant douze langues différentes, ignorent le but de l'entreprise mais suivent aveuglément leur chef, l'empereur Napoléon, qui se propose de " mettre un terme à la funeste influence que la Russie a exercée depuis cinquante ans sur les affaires d'Europe ". Cinq mois plus tard, c'est une armée désorganisée, affamée, saignée par le froid et les coups de main des cosaques qui tente de se frayer une retraite vers Paris. Les grognards sont à peine 6 000 sur un effectif de 35 000 ; le prince Eugène commande à 800 hommes et a laissé 40 000 morts dans les steppes. Avec son talent coutumier de metteur en scène de l'histoire, André Castelot brosse la fresque de cette épopée tragique où s'engloutissent les rêves de domination européenne de Napoléon, la génération de la Révolution qui faisait de la France le pays le plus peuplé du continent et l'or des conquêtes impériales. Ces batailles héroïques, les sacrifices insensés de troupes d'élite - à la Bérésina comme à Vilna - scandent la disparition de la meilleure armée du monde. En six mois, la Grande Armée a vécu, l'Empire a vacillé et la France glorieuse laisse sa réputation et sa puissance dans la neige russe.