Juste avant l'aube, une grande ombre se penche sur le corps inanimé d'une toute petite fille. C'est « l'ogre », un vieillard d'une taille gigantesque, qui vient de prendre le risque fou d'aller sauver cette enfant blessée et jetée sur un trottoir par les sauvages qui hantent cette ville morte. L'enfant dans les bras, il retourne dans sa maison aux fenêtres obturées depuis des années, depuis les massacres, depuis que tout signe de vie est prohibé dans cette ville sous peine de voir revenir les assassins. La petite fille ne parle pas, ou plutôt elle ne prononcera jamais qu'un mot : lumière, elle qui a si peur du noir. Alors, le vieil homme parle, lui. Il lui raconte les petites joies du quotidien, la beauté de la vie d'avant, le danger qui rôde dans cette ville, son espoir qu'un jour on vienne les délivrer. Deux fois par jour, seulement, il impose le silence pour tourner le bouton de sa vieille radio et écouter les grésillements des ondes. Un jour, peut-être, une voix humaine leur annoncera leur délivrance... Dans cette maison aveugle, cet îlot de tendresse encerclé par la peur, une relation délicate et forte se noue entre la petite muette et le vieillard.
Cyril Massarotto explore avec toute la finesse et la profondeur à laquelle il nous a accoutumés depuis son premier livre, Dieu est un pote à moi, la relation filiale qui se noue entre ces deux êtres que tout oppose.