Sommes-nous devenus trop riches pour le socialisme ?
Le néocapitalisme est-il capable de satisfaire les besoins au point d'émousser la combativité des travailleurs, voire de mettre le mouvement ouvrier en crise?
Non. Aux formes extrêmes de la misère, le développement du capitalisme "opulent" a substitué une pauvreté qui est fonction des besoins nouveaux, comparables dans leur urgence aux carences anciennes, pour peu qu'on les éclaire. S'il y a crise du mouvement ouvrier, c'est dans la mesure seulement où il lui faut élargir et renouveler ses modes et ses objectifs de lutte.
Quels sont ces nouveaux besoins, dans lesquels s'enracine la nécessité du socialisme ? A quels niveaux faut-il engager la lutte pour éviter les impasses et affirmer pleinement le rôle de la classe ouvrière?
André Gorz esquisse ici une stratégie ouvrière qui oppose au capital ses solutions positives partout où l'exigence des hommes est en conflit avec celle du profit : au niveau des entreprises, des régions, du modèle de consommation et de vie, du modèle de civilisation et de culture...