L'arnaque la plus monstrueuse depuis la naissance de l'humanité.
Je détestais cette période. On aurait eu beau creuser avec mon psy., (enfin, si j'en avais eu un !) non, aucun fait marquant remontant à mon enfance n'aurait pu provoquer une telle aversion pour cette fête minable.
Noël... C'est souvent à cette période que les personnes les plus déplorables durant toute l'année, devenaient celles avec le meilleur esprit de solidarité et d'amour !
Allez, à d'autres ! Fallait-il vraiment être très naïf pour se persuader d'y croire soi-même ?
Moi, je n'y croyais pas. Du tout. C'était de l'esbroufe tout ça, de la pure hypocrisie humaine déguisée et cachée derrière les loupiottes lumineuses, les sapins et les papiers cadeaux aux couleurs criardes.
Et comme je n'étais ni naïve, ni hypocrite, je n'avais pas peur de dire ce que je pensais quand je le pensais. D'ailleurs chez moi cette qualité, je l'exploitais toute l'année, quel que soit le jour ou l'endroit où je me trouvais.
Tout comme ce soir.
On y était : la fameuse fête de Noël pour les employés ! Et si, tout comme moi, tu bosses dans une boite américaine, c'est effroyable ; ce grand déballage de décorations, de rouge, de lumières et de cadeaux, défie toutes les lois de la décence ! Moi, ce n'était pas le buffet honteusement garni qui me donnait envie de vomir mais tous ces rires, cette soi-disant magie de l'enfance qui se réveille soudain au détour d'un air de musique massacré par ces tintements de grelots stridents.
Et regardez-moi ça ! James du marketing, d'habitude si calme venait de se découvrir danseur avec les stars grâce aux 2g d'alcool coulant dans ses veines. Et Kathleen de la Comptabilité ! C'était quoi cette robe rouge moulante et super pas adaptée à sa morphologie ? Elle avait réussi à rentrer dedans, certes, mais se rendait-elle seulement compte qu'il y avait plein de partie de son corps qui voulait s'en échapper ?
- Ça va, Léa ? Vous vous amusez ?
- Non, Monsieur. Pas vraiment.
Mon PDG se tenait à mes côtés mais, plongée dans ma revue sociologique aiguisée, je ne l'avais pas remarqué. A ma réponse concise, il esquissa un minuscule sourire :
- Donc, cela ne vous dérange pas si je vous demande de rejoindre la délégation américaine dans mon bureau afin de finaliser le dossier Brewster ?
- Non, Monsieur. Je vous en remercierais même.
Etre Directrice Commerciale dans une boite étrangère, dirigée exclusivement par des hommes, pouvait paraître comme étant un challenge assez musclé. Moi, je le vivais très bien ; pas de complexe d'infériorité lié à la testostérone ! Il faut dire que des « noisettes », j'en avais aussi ; pas placées au même endroit mais tout aussi efficaces !
C'est en silence que je rejoignis nos homologues américains, précédée par John De Berteil, PDG de Cooper & Hendson. C'est avec lui que, depuis 5 ans, je travaillais en bonne intelligence et de façon drastique.
Je n'avais pas de vie. De vie sociale, j'entends. Mon univers, c'était mon travail ; des journées entièrement consacrées à mes fonctions commerciales, des soirées à assister à des événements pour les clients et des weekends à préparer ma semaine de travail à venir si je ne rendais pas visite à ma famille.
Voilà la femme que j'étais : Léa Mancini, 33 ans, célibataire, solitaire et probablement perçue comme acariâtre.
Alors ? Magique Noël ? Non, pas pour moi, merci. Mais ce que j'ignorais alors, c'est que ce Noël, là, allait inévitablement m'obliger à reconsidérer pas mal de mes certitudes. »
Une rencontre surprenante, un baiser sous le gui, et voilà comment Léa va vivre le plus incroyable, le plus déroutant des Noëls. Mais aussi le plus beau et, surtout, le plus magique. Un Noël qui va lui offrir l'opportunité de ne pas gâcher, ou de perdre, tout ce qui lui arrive enfin de bon dans la vie. Et notamment, le magnifique Nathan Wade...