
Il semble désuet de parler de communauté. Notion vague qui 
renvoie nostalgiquement à un passé lointain où des groupes 
restreints constituaient l'essentiel du fait social. Et les 
temps modernes témoignent ou paraissent témoigner non 
seulement de la perte définitive de l'idée de communauté, mais 
de l'oubli de ce qui s'est perdu avec cette perte et cependant 
de ce qui s'est maintenu dans cette perte même.
Ce qui s'est maintenu et qu'il est nécessaire de redécouvrir, 
c'est une exigence ancienne et nouvelle qui concerne l'avenir. 
Qu'un écrivain, aussi important et, il faut le dire, aussi 
mconnu que Georges Bataille, ait été fasciné par cette 
recherche où se jouait, avec son propre sort, le destin de la 
communauté, du communisme et de la communication, voilà ce 
qu'on a en général négligé et que Maurice Blanchot à partir 
d'un essai de Jean-Luc Nancy, s'est efforcé de retrouver, puis 
de mettre en lumière en montrant (en essayant de montrer) les 
voies qui nous ont été ouvertes par l'échec de plusieurs 
tentatives qu'il a suscitées et qui n'étaient pas destinées à 
réussir (Contre-attaque, Acéphale, le Collège socratique).
Mais de quelle communauté s'agit-il ? Qu'est-ce qui se cache 
ou se dérobe sous ce nom de communauté ?