Son pedigree est éloquent. Jack Harwood : cinq crimes, deux vols à main armée, récidiviste, déclaré dangereux, une évasion. Résidant du Quartier de haute sécurité de la prison du Minnesota (vue imprenable sur la cour), Harwood tire ses trente ans incompressibles. Doté d'une intelligence nettement supérieure à la moyenne, Harwood compte ne pas moisir en prison. D'origine indienne, il découvre que dans la commission statuant sur les libertés conditionnelles siège un avocat indien du nom de Sylvester Yellow Calf. Harwood, épaulé par sa femme, la belle Patti Ann, met au point un scénario diabolique pour obtenir les bonnes grâces de Calf. Le criminel habitué à jouer de la manière forte va montrer qu'il sait aussi employer la manière douce pour parvenir à ses fins.
Il y a une agréable ambiance de polar dans le roman de James Welch. Le thème de la femme fatale, des frères ennemis, de l'imbroglio politico-financier et de la fascination pour le crime sont fidèles au rendez-vous. Mais à qui donner la part de l'ange, à qui la part de la bête, difficile de trancher. Chaque personnage se révèle double et complexe dans cet Avocat indien. La part de lumière du bon avocat cache peut-être une bonne part d'ombre. Inversement, Harwood le criminel peut avoir la grâce des justes. Voilà tous les repères faussés pour le plus grand plaisir du lecteur qui sera tenu dans cette délicieuse et trouble indécision jusqu'aux toutes dernières pages du roman. --Denis Gombert