Marguerite de Valois, reine de Navarre par son second mariage, est la soeur de François Ier et la grand-mère d'Henri IV. Après des siècles
d'oubli, elle nous apparaît comme l'une des plus passionnantes figures de femmes du XVIe siècle et comme l'un des très grands écrivains
français.
Pourquoi si longtemps méconnue? D'abord parce que ses oeuvres lyriques les plus achevées ne furent découvertes que trois cent cinquante
ans après sa mort. Ensuite parce que l'on mésestima longtemps son Heptaméron, le chef-d'oeuvre dru et cru de la jeune langue française.
Oubliée aussi, Marguerite, par la discrétion qu'elle s'imposa. Farouche partisan de l'oecuménisme en pleine crise du christianisme, l'intouchable
soeur du roi exaspère sans cesse les théologiens de la Sorbonne. Elle protège tout auteur accusé d'hérésie: Marot, mais aussi Rabelais. Chez
elle, à Nérac, se réfugient les penseurs qui contestent. Calvin, en fuite, y passera. Catholique déclarée, Marguerite deviendra tour à tour
suspecte à chaque confession chrétienne, qui tentera pourtant après sa mort de la récupérer.
Inconditionnelle de son frère, elle le brave à l'occasion, mais chevauche en Espagne pour le délivrer ou le long du Rhône avec ses armées. Folle
de Dieu, elle promène cependant sur la société de son temps des yeux bien ouverts, en malicieux témoin.
Jean-Luc Déjean, ancien professeur de lettres, a produit de nombreuses émissions de télévision d'art et d'histoire. Il est l'auteur notamment de
Quand chevauchaient les comtes de Toulouse.