André Le Nôtre et Jean-Baptiste de La Quintinie sont passés à la postérité, ils sont les figures dominantes du Grand Siècle
en matière de jardins. Mais qui se souvient encore de Macé Foucher, de Laurent Périer, de Marin Trumel, d'Henry Dupuis,
des Masson, des Collinot, des Le Bouteux et de tous ceux qui, anonymes ou non, ont créé, embelli et entretenu l'univers
végétal de Versailles?
Comme dans les autres jardins royaux, les jardiniers en chef, aidés de quelques » garçons » choisis avec soin et de
nombreux manouvriers payés » à la journée du roi « , s'activaient à de multiples activités, partagées entre le tracé des
alignements, la fourniture d'arbres et de fleurs, les plantations et leur entretien, la réalisation d'élégants treillages décoratifs
et de parterres de broderies savamment entrelacées.
Dominique Garrigues ravive ici le souvenir de ces » orfèvres de la terre » employés à Versailles en réinscrivant la
communauté qu'ils formèrent dans l'histoire de leurs jardins. Il reconstitue les multiples environnements et savoirs qui
édifièrent et définirent leur monde : technique, artistique, scientifique, social mais aussi politique.
Car Louis XIV ne fut pas seulement un roi de justice ou un roi de guerre, il voulut apparaître également comme le roi des
jardiniers. Il joua un rôle de premier plan dans la transformation de l'espace horticole versaillais en une métaphore de la »
réduction à l'obéissance » à laquelle il voulut soumettre le royaume. Le siècle du Roi-Soleil fut bien le siècle des jardins et
des jardiniers. Et ce n'est pas la moindre des originalités de ce livre que de nous faire découvrir un jardinier inattendu, un
homme à la main verte en la personne même du Roi-Soleil.