L'itinéraire spirituel et le parcours de vie d'Etty Hillesum, jusqu'à la veille de sa déportation : un hymne à la beauté de l'existence, un vibrant
plaidoyer pour l'humanité.
Au cœur de la barbarie nazie qui s'exerce sur les Pays-Bas occupés, une voix s'élève, l'emporte sur les ténèbres. Cette voix est celle d'Etty
Hillesum, jeune femme juive de vingt-sept ans, dont les cahiers et la correspondance tenus durant les années les plus noires de l'Histoire
attestent d'une confiance absolue dans le sens et la beauté de la vie et d'une inébranlable foi en l'être humain. " Je cherche à comprendre et à
disséquer les exactions, écrit-elle, j'essaie toujours de retrouver la place de l'homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent
introuvable. Enseveli parmi les ruines monstrueuses de ses actes absurdes. "
Pour parvenir à cette lucidité, Etty a suivi un chemin singulier. Sa sensualité débordante l'a d'abord conduite à multiplier les conquêtes
amoureuses auprès de partenaires toujours plus âgés qu'elle, rejoignant à cet égard une démarche résolument moderne. Puis, c'est l'un d'entre
eux, Julius Spier, un psychologue de l'école jungienne, dont elle sera tour à tour la patiente, la maîtresse, la disciple et l'amie de cœur, qui
l'aidera à " accoucher de son âme ", et à aimer plus qu'un homme, Dieu et l'humanité tout entière. Grâce aux lectures auxquelles il l'initie - la
Bible et les Évangiles, saint Augustin, Maître Eckart ou le poète R. M. Rilke - et à la qualité de leurs échanges, elle emprunte peu à peu une voie
spirituelle propre, en marge de tout dogme quoique proche de la morale chrétienne.
À l'heure des convois pour Auschwitz, elle portera secours à ses frères détenus au camp de transit de Westerbork, antichambre des camps de
la mort. Refusant de se désolidariser des siens, elle endossera jusqu'au bout le destin de son peuple. Celle qui rêvait de devenir un écrivain
laisse des pages d'une indéniable qualité littéraire et d'une infinie sagesse : " Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans
le monde extérieur, que nous n'ayons d'abord corrigé en nous. L'unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-
même et pas ailleurs. "