Vers minuit, une forte pluie commença à battre les tuiles de la toiture. Etendu dans sa chambre, Rikyû sentait son sang bouillir de colère. La rage lui tenaillait les tempes. Son coeur tapait dans sa poitrine... L'averse s'intensifia tout à coup, puis un éclair fulgura, faisant jaunir le papier de la cloison, et le tonnerre gronda aussitôt. "Le ciel a entendu ma fureur", pensa-t-il... Le visage simiesque d'Hideyoshi envahit une nouvelle fois son esprit. Aucun motif sérieux ne justifiait l'ordre de se suicider que celui-ci venait de lui faire parvenir... Le 28 février 1591, le shogun Toyotomi Hideyoshi ordonna effectivement à Sen no Rikyû, le plus grand maître de la cérémonie du thé de l'époque, de se suicider, ce qu'il fit. Mais pourquoi ? Cette histoire bien réelle reste, après plus de quatre siècles, une grande énigme, qui a inspiré de nombreux écrivains et cinéastes japonais mais n'a jamais été résolue. On prétend, au Japon, que l'art très codifié de ce cérémonial autour du thé recèle un sortilège qui peut rendre fou le coeur des hommes. Dans ce roman, au fil des heures précédant l'aube fatale, Kenichi Yamamoto va nous faire découvrir comment son héros aura constamment cherché à atteindre l'extrême limite de la beauté, même si ce devait être au péril de sa vie.