Dans Filibuth, Max Jacob raconte la prodigieuse aventure d'une montre en or qui ne tient pas en place. Achetée cent francs en 1840 par le grand-père Bastien, on la retrouve vers 1920 chez une concierge, Mme Lafleur. Cet objet précieux passe entre les mains d'un garçon de quatorze ans qui le revend, dans l'atelier d'un peintre pour échouer sur le bureau d'un juge d'instruction. À ce moment la montre vaut au moins 6 700 francs et commence une carrière internationale. Elle sert successivement d'appât à un réseau d'espionnage austro-français, d'amulette aux snobs et drogués de la Côte d'Azur, elle est utilisée à Venise dans des séances d'hypnotisme, Aristide Briand la remarque dans le gousset d'un agent de la Sûreté, coutumier de larcins, et à la fin de tribulations les plus variées elle finit sous une voiture.
De Montmartre à l'autre bout du monde, cette course à la montre sert de prétexte à Max Jacob pour décrire des personnages truculents aux prises avec des situations ou des circonstances bizarres. Il le fait avec verve et fantaisie par le truchement de la raillerie et de la tendresse.
Ce roman de mœurs allie la gravité d'un conte moral à la saveur de la poésie la plus fantasque.