Issu d'une famille noble française, Sébastien Joseph de Comeau de Charry (1771-1844) a servi comme capitaine d'artillerie dans l'armée de Condé, sous la Révolution. En 1805, après la paix de Campo-Formio, l'invasion imprévue de la Bavière par l'Autriche contraint l'Électeur de Bavière à s'allier à la France. Napoléon, qui a connu de Comeau en garnison autrefois, le désigne, malgré son grade inférieur, pour représenter la Bavière à son grand état-major. Il sera, jusqu'en 1812, l'intermédiaire naturel entre l'Empereur et Maximilien-Joseph, devenu roi de Bavière. C'est à ce titre qu'il assistera notamment à la bataille d'Austerlitz, dont il donne un compte-rendu dans ses Souvenirs des guerres d'Allemagne pendant la Révolution et l'Empire, parus en 1900. Ancien camarade de Bonaparte à l'école de Brienne et l'un des plus brillants de sa promotion, de Comeau avait obtenu le grade de lieutenant en même temps que lui. L'Empereur vantera souvent ses talents de fin tacticien. Le 5 février 1844, âgé de 73 ans, il meurt frappé d'une congestion cérébrale. De tous les mémorialistes, ce colonel d'artillerie, sorti major dans la promotion d'artilleurs de Bonaparte, est sans doute l'un de ceux qui sait, avec ce qui se rapproche le plus de la réalité, rendre les réactions et le ton de Napoléon sur le champ de bataille. C'est ce que démontre Alain Fillion, spécialiste de l'Empire, en enrichissant l'ouvrage de 90 notes explicatives.