Espionnes ! Le mot affole l'imagination. Au-delà du mythe féminin qui fascine le cinéma et les séries télé, j'ai infiltré les services secrets français pour découvrir le vrai visage des femmes engagées dans la sûreté nationale. Pour la première fois, une cinquantaine d'entre elles, officiers traitants à la DGSE, agents de la DGSI et des nouveaux RG, contre-espionnes militaires ou superdouanières, ont accepté de se confier. Pendant un an, alors que les attentats de Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre endeuillaient la France, j'ai rencontré les femmes les plus secrètes de la République. Elles m'ont révélé ce qu'elles ne livrent ni à leurs maris, ni à leurs collègues. Leurs doubles vies sous haute tension, la traque des terroristes, le poids du secret dans le couple, le machisme des espions et leur combat pour s'imposer dans ce monde d'ombre et de pouvoir. Sans rien occulter des failles et des succès des services secrets dans la lutte contre le terrorisme. Pour la journaliste que je suis, ce fut un vrai défi : interviewer des expertes du mensonge et de la dissimulation, dont le métier consiste à tout savoir des autres mais à ne rien montrer d'elles-mêmes. J'ai cherché précisément ce qu'elles voulaient masquer, j'ai traqué l'instant où le regard vrille sous le coup d'une émotion incontrôlée, j'ai tenté d'arracher une part de vérité dans ce monde de faux-semblants et de manipulation. Voilà comment j'ai espionné les espionnes.