Edvard Benes : un destin emblématique de la tragédie de l'Europe face aux totalistarismes.
Edvard Benes (1884-1948) est une des figures majeures de l'histoire tchèque du xxe siècle. Ministre des Affaires étrangères pendant dix-sept ans puis deuxième président de la République tchécoslovaque, il a joué un rôle capital pour avoir été confronté à trois grandes expériences historiques : la fin des empires européens en 1918, la confrontation avec le monde hitlérien et la division de l'Europe en deux avec le passage de sa moitié orientale sous la tutelle soviétique.
Si Benes a été l'objet de très nombreux travaux en Pays tchèques, c'est qu'il est au cœur d'interrogations et de polémiques centrales pour les identités nationale et étatique. Au niveau européen, son nom est lié à la fin de l'empire austro-hongrois, à la Conférence de la Paix de la région parisienne, à la politique de l'entre-deux-guerres. Il est aussi en relation avec le système international de l'époque, qu'il s'agisse des relations bilatérales avec la France, de la sécurité collective ou des grands événements qui ont marqué cette période. Ce sont surtout les accords de Munich des 29-30 septembre 1938 qui sont associés à son nom, comme victime de l'abandon des puissances occidentales, et le basculement de son pays lors du " coup de Prague " de février 1948.
Figure décisive de l'Europe centrale et de l'Europe pendant trente ans, Benes n'a fait l'objet d'aucune biographie en français. C'est dire l'intérêt d'une biographie attachée à croiser les archives françaises, tchèques et slovaques et à utiliser les centaines d'ouvrages parus sur cette personnalité.