Publié deux ans avant la Lolita de Nabokov, ce récit d'un érotisme transfiguré par la poésie - mais précis en ses gestes comme dans l'exposé des fantasmes qui l'habitent -, salué pourtant bien haut par la critique de l'époque (1956), n'avait jamais été réédité.
Lors d'une enquête menée en 1976 par les « Nouvelles littéraires » sur le thème des introuvables à rééditer d'urgence, Michel Tournier s'était étonné de ce que La Pomme rouge n'eût jamais été réimprimé. Seules les âmes chastes ou tièdes avaient pu en remercier le ciel. Quant aux autres, informées de ce que la beauté emprunte souvent des voies inconvenantes, elles ne pourront que se féliciter de la remise au jour de ce récit gouverné par Éros, qui nous détaille sans fard les amours d'un homme d'âge mûr et d'une gamine de douze ans - et mérite une place de premier rang dans la « bibliothèque amoureuse » de tous ceux qui sont d'abord amoureux de la littérature.