Autrefois, lorsque le café était une denrée précieuse et réservée aux riches, à la fin du repas on se payait le café du pauvre, c'est-à-dire l'amour, la joyeuse partie de jambes en l'air.
Nous sommes juste après la guerre en 1946 et le café, devenu rare, se vend encore à prix d'or sous le manteau. Revenant des armées du général de Gaulle où il a récolté une blessure et une médaille, le héros de cette histoire, sans un rond en poche, n'a guère de quoi s'offrir autre chose que le café du pauvre quand l'occasion s'en présente. Il exerce divers petits métiers extravagants et peu rémunérés. N'empêche, les jupons volent au coin des rues, la jeunesse aidant, c'est tout de même la belle époque. Alphonse rencontre Odette la catholique, qui veut sauver son âme; Lulu, la femme du charcutier, qui lui offre ses charmes imposants et les trésors alimentaires de son arrière-boutique; Jacqueline, la militante trotskiste avec laquelle il défilera de la Bastille à la Nation pour changer le monde; Flora, la comédienne initiatrice des beautés de l'art dramatique; Cricri, la belle pute dont il pourrait faire son gagne-pain si la peur du gendarme n'était pas aussi dissuasive en ces temps reculés où les prêtres avaient des soutanes, les magistrats une guillotine au fond de l'œil et les dames des porte-jarretelles pour le plaisir de l'honnête et du malhonnête homme.
Un livre où le rire ne perd jamais son droit prioritaire dans le Paris pourtant maussade de Monsieur Félix Gouin, président provisoire de la République renaissante. Avec, bien sûr, les bons copains et les mauvaises rencontres qui peuvent vous conduire en galère. L'apprentissage de la vie, de l'amour après la guerre. Une fresque de frasques et de fesses, de tétons, de dessous vaporeux. De baguenaudages à la petite semaine au coin de la rue là-bas. Comme dans une chanson de celle qu'on appelait encore la Môme Piaf.