" Il faut que j'accroche au-dessus de mon lit un pense-bête en capitales géantes. J'ai cinquante ans ! Cela me rappellera matin et soir que je n'ai encore rien fait pour perpétuer ma mémoire. Certes, je n'ai pas chômé (ne nous accablons pas), mais à part les quelques heures d'enchantement que j'ai dispensées à mon entourage en jouant du piano ou en organisant des séances de gymnastique, je n'ai rien fait pour le vaste monde, ni même pour Tilling. Je dois me ressaisir. " Sitôt dit sitôt fait, bouillonnante d'énergie, Lucia entreprend d'étudier les marchés financiers comme on lit Aristophane : avec discernement. L'argent donne le pouvoir, et ce pouvoir qu'elle a trop longtemps laissé en jachère, Lucia entend bien le conquérir à la force de ses placements. Ses spéculations fructueuses feront bientôt d'elle la reine de la société tillingote rassemblant les personnages les plus farfelus d'Angleterre qui, comme on le sait, en est fort riche.