De tous les pays d'Europe, la France présente la singularité d'avoir vu sa déroute militaire s'accompagner d'un bouleversement politique et idéologique. Né de la défaite de 1940, et mort avec la Libération, le régime de Vichy resta fidèle à ses choix initiaux, qui étaient ceux du maréchal Pétain : demander l'armistice, afin de conduire le « redressement intellectuel et moral » que devait subir la France. Ce fut la « Révolution nationale » construite à la fois sur les valeurs les plus traditionnelles de la droite extrême et sur de réelles ambitions modernisatrices. Ce livre en retrace, de façon synthétique, les grandes étapes. En matière de politique extérieure, le régime soucieux de voir reconnue sa souveraineté opta pour la collaboration avec une Allemagne nazie perçue comme définitivement maîtresse du continent européen. S'il y eut ensuite plusieurs phases dans l'histoire de Vichy, la dérive du régime - des rafles de juifs de l'été 1942 à l'état milicien du premier semestre 1944 - était inscrite dans ce choix premier, toujours confirmé malgré l'évolution des événements militaires. Ce livre cherche aussi à montrer la complexité d'un régime aux acteurs multiples et aux orientations parfois contradictoires. Il évoque enfin les conditions de vie des Français occupés, et l'ambivalence de l'opinion à l'égard du régime et de celui qui restera, du début à la fin, le chef de l'Etat français, le maréchal Pétain.