Abraham Lincoln occupe une place à part dans l'Histoire des États-Unis et dans la mémoire de ses citoyens. De la cabane en rondins de son enfance à son assassinat, l'ascension du " bûcheron devenu roi " est l'exemple même du rêve américain, au point d'être l'objet d'un véritable culte laïque. Tenu à l'écart des études, promis à une existence sans relief, cet autodidacte devenu avocat par son seul mérite se lance en politique à vingt-trois ans et sera élu à la Maison Blanche en 1860, à cinquante et un ans. Il y accomplira l'impensable : remporter la victoire militaire contre les États du Sud, sauver l'Union fédérale du naufrage et proclamer l'abolition de l'esclavage, pratique indigne d'une nation formée pour "éclairer le monde". Acte de bravoure inouï, dont il eut le génie de penser qu'il accélérerait la réunification, au lieu de la freiner. Tant de courage vaudra à Lincoln d'être assassiné, le 14 avril 1865, quelques jours après la fin des hostilités. Mais, deux siècles après sa naissance, il demeure dans la mémoire américaine une figure mythologique, un père de la nation" au même titre que Washington. Distinguant l'homme de sa légende, Bernard Vincent restitue cette épopée sans dissimuler les échecs politiques, les ambiguïtés philosophiques et les tourments personnels qui n'empêchèrent pas Lincoln d'aider son pays à surmonter l'une des périodes les plus sombres de son Histoire.