Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s'échoue sur un banc de sable au large de la Mauritanie avec, à son bord, quatre cents passagers. Cent
cinquante sont abandonnés sur un radeau construit à la hâte qui dérive pendant treize jours. Sans provisions, les naufragés de la Méduse
s'entre-tuent, les rescapés dévorant la chair des cadavres gisant à leur côté. Quinze seulement survivent. Quatre témoigneront de cette
expérience hors du commun. Leur récit bouleverse et divise la France de la Restauration. À travers la mise en cause du capitaine, dont
l'incapacité est avérée, c'est le gouvernement lui-même qui est attaqué. Au-delà de cette dimension politique, les Français découvrent avec
stupeur cette aventure tragique et macabre qui touche les replis les plus sombres de l'âme humaine. Le souvenir des guerres de l'Empire
rejaillit. La catastrophe de la Méduse, immortalisée par Géricault au salon de 1819, exprime un indicible refoulé depuis l'avènement de Napoléon.
Partant des récits des témoins et d'archives inédites, Jacques-Olivier Boudon nous fait revivre l'odyssée des naufragés de la Méduse. Il nous
raconte, d'une écriture alerte, les rebondissements de ce drame et explore les profondeurs d'une société qui solde alors le passif d'un quart de
siècle de violences de guerre.