Nombreux sont les ouvrages à avoir tenté de redorer le blason du seigneur Gilles de Rays, figure tragique du Moyen Age, alchimiste maudit, diaboliste et esthète nécrophile, dont la carrière de bouilleur d'enfants a terni le statut de héros national. Cet ouvrage marque une réaction contre ce genre par trop facile et tendancieux. Avant tout, nous avons cherché à être exact, à ne rien écrire qui ne soit immédiatement vérifiable et les hypothèses que nous avons pu formuler tiennent toujours compte d'une source digne de foi. Quelle influence joua de façon déterminante sur l'évolution de sa névrose ? Une éducation désordonnée ; un mariage consanguin qui put développer une prédisposition héréditaire aux pratiques d'une dévotion maladive ; la compagnie d'une sainte qu'il ne put sauver, ou, simplement, la lecture de quelques ouvrages malsains ? Le maréchal de Rays, dont la somptuosité criminelle jamais ne connut d'égale fut, par excellence, l'homme d'une telle époque qui, au raffinement artistique et religieux, alliait la cruauté et la plus effrénée débauche. Dans le domaine de tout ce qui dépasse la nature, l'esprit éprouve une certaine gêne à concevoir que l'on peut aisément passer de la mystique divine à la mystique diabolique. C'est pourtant là que réside la seule explication du « cas » de Gilles de Rays, qui, sans transition, passa du camp de Dieu dans celui du Maudit.