La Nouvelle Revue française, fondée par André Gide et quelques amis il y a tout juste un siècle, relève désormais du patrimoine national. En explorant une période méconnue de son histoire (1914 à 1925), ce livre comble une lacune. Il constitue aussi une contribution à l'histoire culturelle de la Grande Guerre. L'analyse du discours politique, littéraire et critique de la revue, sa confrontation avec des sources inédites, l'étude des itinéraires et des réseaux permettent de comprendre comment André Gide, Jacques Rivière, Jean Schlumberger, ainsi que les meilleurs écrivains français de la période – Proust, Claudel, Valéry et tant d'autres – ont basculé deux fois. En 1914, renonçant à la paix, ils sont séduits par la guerre. À partir de 1919, pour certains plus tôt, pour d'autres plus tard, ils feront le chemin inverse, passant de la guerre à la paix. Au-delà du contexte particulier de la NRF et de la Grande Guerre, Yaël Dagan pose la question, toujours brûlante, du rapport des intellectuels à la politique en temps de guerre, de la portée et de la pertinence de leurs engagements, ou de leurs silences.