Publiée à l’orée des années 1980, la première édition de cet ouvrage se distinguait déjà. La présence massive des films américains
sur les écrans du monde entier, leurs liens avec l’argent et la publicité, leur fonction idéologique, leur popularité aussi avaient
longtemps entraîné, de la part de nombreux critiques, une position de défense et de suspicion. S’arrêtant sur l’impact que ce cinéma
avait eu sur la formation des grands réalisateurs européens, Michel Ciment dévoilait les ingrédients du succès : la préoccupation constante
d’un rapport avec les spectateurs, une attention de chaque instant à la direction d’acteurs, un équilibre enfin entre la plastique et la
dynamique, entre le cadre et le montage - conjointement donc, le mouvement et l’image. Il s’attachait à certains thèmes : l’influence des
Viennois (von Stroheim, von Sternberg, Wilder) ; la notion d’«auteur» ; le western. Aujourd’hui, dans ces 37 essais, il élargit plus encore
la réflexion, s’arrêtant au système hollywoodien. Même pris dans la tourmente de l’Histoire, celui-ci n’a cessé de faire naître tant de
chefs-d’œuvre qu’on ne peut que s’interroger sur cette fabuleuse moisson. Face aux contraintes du système, les réalisateurs ont déployé ruse,
ténacité, courage pour véritablement devenir les conquérants d’un nouveau monde, les bâtisseurs d’une industrie qui permit à leur art de s’épanouir.