Publiée à l'orée des années 1980, la première édition de cet ouvrage se distinguait déjà. La présence massive des films américains sur les écrans du monde entier, leurs liens avec l'argent et la publicité, leur fonction idéologique, leur popularité aussi avaient longtemps entraîné, de la part de nombreux critiques, une position de défense et de suspicion. S'arrêtant sur l'impact que ce cinéma avait eu sur la formation des grands réalisateurs européens, Michel Ciment dévoilait les ingrédients du succès : la préoccupation constante d'un rapport avec les spectateurs, une attention de chaque instant à la direction d'acteurs, un équilibre enfin entre la plastique et la dynamique, entre le cadre et le montage - conjointement donc, le mouvement et l'image. Il s'attachait à certains thèmes : l'influence des Viennois (von Stroheim, von Sternberg, Wilder) ; la notion d'«auteur» ; le western.
Aujourd'hui, dans ces 37 essais, il élargit plus encore la réflexion, s'arrêtant au système hollywoodien. Même pris dans la tourmente de l'Histoire, celui-ci n'a cessé de faire naître tant de chefs-d'œuvre qu'on ne peut que s'interroger sur cette fabuleuse moisson. Face aux contraintes du système, les réalisateurs ont déployé ruse, ténacité, courage pour véritablement devenir les conquérants d'un nouveau monde, les bâtisseurs d'une industrie qui permit à leur art de s'épanouir.
Michel Ciment est maître de conférences honoraire en civilisation américaine à l'université de Paris VII, collaborateur du "Masque et la plume" et producteur à France Culture. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur le cinéma, dont des monographies sur Ela Kazan, Joseph Losey, Stanley Kubrick, Franccsco Rosi, Fritz Lang, Jerry Schatzberg, John Boorman, Theo Angelopoulos et Jane Campion, ainsi que d'un livre de souvenirs, Le Cinéma en partage.
Par ailleurs, il a participé à une trentaine de festivals et est président d'honneur de la Fédération internationale de la presse cinématographique. Il collabore à la revue Positif depuis 1963.