De ses douze années ensablées dans la Légion étrangère du côté de Djibouti, à moins que ce ne fût dans les déserts d�Éthiopie, Arthur Solacroup avait hérité une inquiétante fixité dans le regard. Ses yeux d�acier glaçaient. Cependant sa voix, gutturale et légèrement éraillée, n�avait rien de taciturne et rassurait toujours le chaland. Voilà cinq ans déjà qu�il avait investi la Butte, au 25 de la rue Lepic, et il s�était forgé au fond de sa modeste boutique une solide clientèle faite, à l�avenant, d�Américains, de Japonais mais aussi d�habitués du quartier qui ne juraient plus que par Le Chai de la Vigne-Rhône.