Le court essai de l'historien juif américain Norman Finkelstein, fils de survivants du ghetto de Varsovie et des camps, ne peut laisser indifférent. Accusé par certains de travailler pour les antisémites, soutenu par d'autres pour "son travail salutaire", Finkelstein montre à quel point le génocide juif a servi des intérêts politiques et sociaux considérables. Israël aurait ainsi fait de l'exploitation du malheur juif une arme idéologique puissante, en s'assignant le rôle d'État-victime. Selon l'historien, en associant "l'unicité" de la Shoah au caractère d'"élu" du peuple juif, l'État d'Israël, fort de l'appui américain, justifie "sa politique criminelle" à l'égard des Palestiniens. Si Finkelstein est convaincant dans sa volonté de comparer, d'ouvrir la mémoire juive aux malheurs des autres, de dénoncer certains abus dans l'utilisation politique de la souffrance juive, ses comparaisons avec les victimes du capitalisme, ainsi que ses chiffres douteux avancés pour celles du blocus de l'Irak, restent à vérifier.
Hervé Mazurel