Un homme est parti à la recherche d'un ami disparu. Cet ami, célèbre spécialiste des mots, un philologue, a été enlevé au Venezuela. Pendant les neuf heures du trajet entre Paris et Caracas, le narrateur va essayer de comprendre la raison pour laquelle il a décidé d'écrire un livre sur Hugo Chavez, le président du pays.
Extrait :
"Caracas est moins belle que son nom. Pour s'y rendre, le voyage en avion est long, mais paisible, donnant une assez bonne idée du bien-être qu'a dû éprouver Jonas à l'intérieur de sa baleine. Descendant une travée en direction des toilettes, je cherche du regard la femme que, il y a moins d'une heure, dans la salle d'attente de l'aéroport, j'ai vu repousser d'un index vif et dédaigneux les applications de son iPhone. Filez, horreurs ! Trente ans auparavant, au même endroit, sa mère a sans doute tenu entre deux doigts lents et dédaigneux une cigarette allumée. L'élégance des femmes invente toujours un geste pour en remplacer un autre. Reprenant ma place, j'en retrouve une d'une autre sorte. Sud-Américaine. La peau caramel. Replète. Grasse, dirait-on. Comment savoir ? Elle est voilée. Lit le Coran. Les caractères dorés sur le papier ivoire donnent une impression d'émail. Un livre fait pour être admiré, pas annoté. Où on ne cherche pas à penser, dont on reçoit la Vérité. Une Sud-Américaine lisant le Coran. Le prosélytisme des musulmans est inouï ! Je ne lui vois d'égal que celui des catholiques et des protestants. Au demeurant, je me fiche des religions, je vais vers un pays sans foi que gouverne un militaire populiste et télévisuel. "