Dans Les Mots, la mort, les sorts, Jeanne Favret-Saada, ethnologue de culture psychanalytique, enquête sur les sorciers et les jeteurs de sort du bocage mayennais. L'idée du sortilège s'impose quand le malheur se répète : vache qui meurt, fausse couche, pain qui ne lève pas... Aucune interprétation raisonnable ne peut alors prétendre résoudre l'énigme de la série qui n'appelle qu'une seule question : qui a jeté le sort ? Les vecteurs des sortilèges sont les mots. La parole maléfique doit être renvoyée à l'expéditeur pour qu'il en meure. L'ouvrage est composé de récits et de schémas exposant les relations imaginaires qui relient les protagonistes des drames relatés. Jeanne Favret-Saada, pour explorer cet univers où rien ne se voit et où tout se laisse entendre, a du abandonner la position d'observateur idéal de l'ethnologue classique et s'engager corps et âme dans le groupe, se laissant envoûter par l'efficacité des mots qui ensorcellent. L'ethnologie, un art de se laisser posséder par l'autre ?