Attention, révolution littéraire ! Du moins c'est ce que l'on est censé penser à la vue du livre de Weihui, Shanghai Baby, roman condamné par le gouvernement chinois aux supplices du pilori et de la censure. Et à sa lecture, on imagine aisément que cette histoire de babydoll, occupée à sillonner Shanghai la nuit à la recherche de l'amour parmi ses amours, que le témoignage de cette femme instruite, qui s'affirme libre de ses choix, revendicatrice et passionnée, aient pu déranger. Si les femmes ont encore de nombreux combat à mener, l'auteur livre avec Shanghai Baby sa participation à l'effort collectif. Dans une langue élégante et concise, sans oublier de s'adonner parfois aux tourments de la poésie, Weihui nous raconte l'histoire d'une certaine Coco (double quasi parfait de l'auteur) qui n'hésite pas à s'écrier parfois : "Quel bonheur, quelle chance d'être jeune, belle et d'avoir pu écrire un livre." Amoureuse d'un peintre dépressif et impuissant, Coco veut tout connaître, tout vivre : l'amour, la joie, le désir. Dans ce dessein, elle mène une vie folle et bruyante, prend un amant allemand, tente d'écrire son deuxième livre, ménage ses parents. En somme, tente de survivre sans se taire et s'oublier. Décrivant une Shanghai cosmopolite et fastueuse, Weihui nous séduit avec cette histoire douce-amère, même si dans les réflexions de son héroïne affleure à la surface une candeur de petite fille riche un peu "tête à claques".