Et voilà Calet qui s'en revient, par les soins du Dilettante et de Jean-Pierre Baril, avec sa petite voix, sa grenaille de mots comptés, tassés dans ses phrases courtes, son pas inlassable et son cœur lourd. Un Calet d'après-guerre, qui a vécu de débrouilles et d'opportunités et qui tente de refaire le point, de se faire de nouveau entendre en publiant ses textes dans toute presse accueillante, une presse aux noms proches de lui au point d'en tracer un portrait : Combat, La Rue, Action, La Femme, Bref. À l'image des vendeurs de cartes postales à la sauvette, Poussières de la route nous déroule une série de textes qu'unit le regard de Calet sur le monde, le regard goguenard et interdit, l'œil tout à la fois lucide et surpris du monsieur là par erreur et qui pourtant s'investit ; le fraternel passant déçu et amusé. Il nous parle de ses rêves de table en bois ou de Daladier, des vacances ou d'Herriot, de l'Opéra où l'on joue Rameau et de stock-car, de la mer et du souvenir. La France d'après-guerre vue par Calet, exaspérante de parlottes clinquantes mais touchante tel " un petit bal perdu ". Par chance, nous reste le Douanier Rousseau qui " rafraîchit le cœur " et Paris " qui tient chaud ".