Leo lames, promoteur véreux, a savamment réussi sa carrière en profitant de la notoriété de son frère Bernard, homme politique rusé et patient, monté dans les échelons jusqu'à être le Premier ministre d'Australie. Nous sommes en 2010. Par un jour de cyclone sur le Queensland, ravi que la tempête démolisse un complexe bourré de défauts de construction, Leo se fait enlever par un commando de jihadistes. En le kidnappant, on compte faire chanter le gouvernement. Car l'Australie, au fil des dernières années et dans la foulée du 11 Septembre, a fait alliance avec les USA pour lutter contre le terrorisme international, et est devenue la tête de pont du nouveau totalitarisme. Cette évolution, dont il se fichait complètement, Leo nous la raconte, tout en s'adressant à de mystérieux interrogateurs. Avec une efficacité narrative qui n'a d'égale que sa crédibilité glaçante, l'intrigue parfaitement menée par Andrew McGahan se déploie, mettant aux prises des personnages à plusieurs facettes complètement troubles. Et le lecteur suit la longue cavale - toujours habilement entrecoupée de retours en arrière explicatifs - qui mène Leo à travers un pays quadrillé par toutes sortes de milices et de militaires. Un pays où l'on n'hésite pas à fusiller des hommes au milieu du désert, où l'on a dressé des murs autour des quartiers musulmans de Melbourne et de Sydney, et interdit au citoyen ordinaire des zones entières militarisées. Des villes au Bush, des rues au désert aborigène, un pays entier est sous contrôle. La seule lueur d'espoir dans ce constat terrifiant est l'existence d'Australia Underground, un réseau de résistants issus de tous les milieux sociaux qui, dans l'ombre et avec une foi inébranlable, se battent pour que leur pays ne soit pas celui où la démocratie aura cessé d'être.