Depuis qu'en cette soirée d'août 1962 la nuit s'est à jamais refermée sur Marilyn Monroe, il ne nous reste plus d'elle que de fragiles souvenirs. L'un des plus précieux, à n'en pas douter, sera son livre unique dans son genre : un grand écrivain, un des plus grands de son temps, a prêté sa voix à Marilyn. C'est elle qui parle ici, évoquant quelques moments d'une vie aux succès incertains, aux amours difficiles, aux lendemains alourdis par un passé sans cesse recommencé. Il se dégage de ces pages le portrait bouleversant d'une jeune femme pour qui le bonheur était une oasis reculant sans répit comme un mirage à l'horizon; derrière la star dont les caprices agacent parce ce que l'on ne comprend pas qu'ils sont le seul moyen à sa disposition pour se faire entendre, il y a une petite fille craintive perpétuellement en manque d'un amour qu'elle ne trouve jamais que d'une façon très fugitive. Le génie de Norman Mailer a réussi ce miracle: c'est lui qui écrit, et parfois imagine, mais c'est Marilyn que nous entendons.