La confusion a régné un instant à l'hôpital de la Conception à Marseille. Un homme est mort, dont on ignore le nom, mais qu'on présente par erreur à Isabelle Rimbaud comme son frère. Fatiguée de l'avoir veillé les jours précédents, bouleversée, la soeur dévouée se résigne. Elle s'y attendait. Elle n'avait plus d'espoir. Et c'est d'un inconnu qu'elle fait transporter la dépouille pour l'enterrer à Charleville. Pendant ce temps, déjouant les pronostics des médecins, Arthur guérit. Il apprend sa propre mort dans les journaux. D'abord accablé, il retrouve peu à peu son énergie. Ses séjours en Afrique et en Arabie lui ont inculqué un certain fatalisme. Jadis poète, naguère marchand : ne pourra-t-il pas s'inventer un troisième destin ? La figure de Rimbaud hante depuis longtemps l'oeuvre de Thierry Beinstingel. Tôt ou tard, elle devrait passer au premier plan. Mais il ne pouvait être question pour l'auteur de s'improviser biographe ou exégète. Il fallait agir en romancier. Ce que le poète aurait pu devenir jette une lumière inattendue sur ce qu'il a effectivement été.