Un jeune saharien, Idriss, quitte son oasis aux confins de Tabelbala à la recherche d'une vie plus facile à Paris ; et puis aussi, certainement, pour tenter de récupérer la photo que lui a « volée » cette jeune femme blonde aux jambes nues avec son appareil, alors qu'il menait paître son troupeau de chèvres. Déjà, en Algérie, le choc est violent ; mais à Paris. Deux cultures s'entrechoquent dans le cerveau du jeune garçon : celle du signe ancrée dans la culture arabo-musulmane - la sienne, celle d'Abel le berger nomade - et la culture de l'image de l'Europe d'aujourd'hui - celle de Caïn le sédentaire. Michel Tournier, grand amateur de mythes, nous livre sur fond de choc des cultures, un roman (même si certains parlent plutôt de conte philosophique, ce qui n'est pas faux) d'une grande beauté sur fond de désert, physique, le Sahara ; et intellectuel, Paris l'impersonnelle. D'expériences en expériences, Idriss conduira malgré lui sa propre initiation qui le mènera à la calligraphie, art où le mot est beau aussi et surtout à l'œil. Un "grand" roman/conte de l'auteur paru en 1985.