Orwell Junction est le second essai que Jean-Claude Michéa consacre à l'auteur de 1984. Mais il s'agit moins ici d'un portrait intellectuel que d'un approfondissement des pistes théoriques laissées par l'écrivain anglais dans ses essais critiques. L'anticapitalisme et l'anti-modernisme d'Orwell, sans lesquels la complexité réelle de sa philosophie politique demeure parfaitement insaisissable, sont en effet toujours aussi mal perçus. L'auteur approfondit ici le concept central de l'œuvre politique de George Orwell, la common decency (décence ordinaire), expression d'un refus philosophique du rôle prépondérant joué par l'amoralité dans l'imaginaire des sociétés industrielles modernes. Mais Orwell Junction est aussi le récit de la genèse même de l'amoralité fondamentale du catéchisme libéral. Jean- Claude Michéa démontre non seulement que la critique orwellienne des théologies du progrès est plus actuelle que jamais, mais prolonge cette critique d'une manière radicalement innovante.