C'est étrange d'écrire de nouveau. Je pensais que je n'y arriverais plus, que j'avais perdu ce besoin de soulager mon esprit. Mais les mois passent, les événements défilent, et j'ai la sensation d'oublier trop vite. Je suis consciente qu'il est important de se souvenir de chaque épreuve qui me construit. De chaque victoire. De chaque défaite. Je ne peux continuer mon périple sans revenir aux sources, sans noircir ce journal avec l'encre de ma tristesse. Je pensais qu'il s'agissait d'une faiblesse, au contraire c'est toute ma force.
Il ne reste rien de cette fille faible et inutile que j'étais il y a quelques mois. Je l'ai tué à petit feu, la forçant à s'effacer, à me laisser reprendre les rênes de mon existence. Avant j'aurais tout fait pour recevoir un peu d'amour et pour garder ceux que j'aimais. À présent, je m'efforce de ne plus m'attacher à personne, de ne plus montrer ce que j'ai au fond de moi. En affichant mes faiblesses, j'ai causé la mort et la disparition de personnes chères à mon coeur.
Je préférerais être damnée que de montrer ce que je ressens. Je n'aimerais plus personne, je ne peux plus donner, j'ai beaucoup trop perdu. Chaque seconde passée sans Adrian est une torture, comme si j'avais besoin de lui pour respirer. Mais il n'est plus là. Notre séparation me semble remplie de mystère, et je me demande parfois s'il m'a vraiment aimée. La vérité m'importe peu, car sa trahison est impardonnable.
Je n'ai pas d'amis, aucun lien qui me relit à qui que ce soit. Je suis seule et je désire le rester. J'ai hâte de pouvoir écrire tout ce que j'ai appris ces derniers mois, de me poser quelques instants et d'étaler toute cette noirceur. Mes voyages m'ont appris certains faits désappointants, pourtant je suis toujours au point mort. Certains secrets sont difficilement avouables, si bien que chacun s'évertue à garder le silence. J'y ai pourtant mis tout mon coeur, mais aucun n'a osé trahir sa promesse.
J'ai souvent l'impression que je suis la seule à ignorer un détail des plus importants. Tôt ou tard, je découvrirais ce que l'on me cache, je ne perds pas espoir. Cette quête irrationnelle me pousse vers le précipice, j'en suis totalement consciente, mais je me dois d'obtenir des réponses. Sans elles, je ne pourrais survivre. J'ai besoin de savoir qui je suis, de comprendre ce qu'il s'est réellement produit la nuit de ma naissance. J'ai au fond de mon être, un mal qui dévaste mon âme et qui me pousse vers l'obscurité. J'oscille entre l'ombre et la lumière...