Ayant décidé d'écrire la biographie romancée d'un anthropologue russe, un certain Nikolaï Mikloukho Maklaï (1846-188; l'auteur retrace le parcours de cet aventurier qui s'exila volontairement en Nouvelle-Guinée et finit par faire l'objet d'un culte étrange. Mais ce qui aurait pu donner lieu à un " petit bijou ciselé" prend vite avec Claro une autre tournure. L'entreprise littéraire vacille sous les heurts d'une voix soudain plus personnelle. Chaque élément de la vie de Mikloukho-Maklaï se double alors d'un règlement de comptes.
Dès qu'il commence à prendre chair, à s'animer, l'auteur brise le processus d'incarnation pour livrer au lecteur, rageusement ou froidement, un récit parallèle, aussi intime que sujet à caution. Biographie accidentée d'un misanthrope aux semelles de vent, Hors du charnier natal est à la fois un récit à double-fond et une confession rageuse. Entre l'auteur et son sujet, l'écriture s'avance, têtue et coriace, prête à donner autant de coups qu'elle en reçoit.
S'engageant dans le récit comme si c'était une partie de roulette russe, Claro lâche le mort pour le vif et retourne sans vergogne l'autofiction contre elle-même.