Par un matin d'août, d'une exquise suavité, dans le jardin fleuri du Moulin d'Andé, en Normandie, les honorables Honinbo Pé-réshu et Meijin Ru-bo, assistés de Judan Ruzo, s'adonnent à leur méditation favorite. Elle consiste à poser alternativement des pions noirs et blancs sur un damier carré et quadrillé : 19 lignes de côté, 361 intersections. Jeu ponctué d'étranges exclamations japonaises : Atari, Ko, Shimari ! Deux adversaires face à face, une partie de deux heures, une victoire aux points : le go fait son entrée en France. Par la grande porte : celle de la littérature, Péré-shu, c'est le romancier Georges Perec, auteur des Choses et de La Disparition. Celle des mathématiques : Ru-bo n'est que l'équivalence nippone du mathématicien-poète Jacques Roubaud, talentueux auteur des sonnets d'Epsilon. Ruzo : Pierre Lusson, maître assistant à la faculté des Sciences de Paris. Tous les trois viennent de concocter un Petit traité invitant à la découverte de l'art subtil du go, paru aux éditions Christian Bourgois.