Zumthor : 20 ans après sa mort, 35 ans après qu'il ait fondé à l'Université de Montréal, le département de Littérature comparée qui ferme ses portes ; que reste t-il de cet illustre inconnu ? Influencé par Jackobson, ami de Genette, il s'est néanmoins distancé du structuralisme. Médiéviste, spécialiste des Grands rhétoriqueurs, il s'est fait tantôt ethnologue, tantôt maître de littérature, penché sur les traditions orales de partout ou intéressé aux formes contemporaines de la poésie. Théoricien, il a écrit par ailleurs plusieurs recueils et romans. Sa manière d'aborder ses sujets de recherche permet l'élargissement des perspectives et les déplacements, elle ne renie pas l'ambiguïté et fouille les nuances. Plutôt que d'opposer écrit et parole ou oral et écrit, Zumthor opte pour des comparaisons entre parole et voix, entre ouïr et lire, entre oreille et œil. De par son ouverture au corps et le passage sans raccourcis qu'il pose entre passé et présent, en considérant les perceptions de l'espace et l'espace sonore, Zumthor a pavé une voie faite de notions qu'il est toujours bon de fouler en recherche, d'une discipline à l'autre. Vocalité, performance, nomadisme et mouvance sont parmi celles-ci. Si sa poétique de l'équivoque reste contestée, sa réponse aux théories de McLuhan est d'une vive pertinence. Il s'avère nécessaire de ne pas restreindre la portée de Zumthor aux cercles de médiévistes et rendre compte de son actualité.