L'étude du gnosticisme est presque aussi vieille que le gnosticisme lui-même. C'est surtout de son fait et à son choix - puisqu'il était l'agresseur - qu'il fut dès l'origine une conviction guerroyante et qu'il s'exposa au minutieux examen de ceux dont il menaçait de subvertir la cause. L'enquête fut menée dans la chaleur du conflit et comme s'il y avait reconvention des plaignants. Les Pères de l'Eglise primitive instruisirent contre les hérésies dans de longs ouvrages (quant aux faits articulés par l'adversaire, nous ne les avons pas, si tant est qu'il y en ait eu) ; poussant leurs investigations chez les ancêtres spirituels du gnosticisme, ils les enveloppèrent dans la dénonciation de cette entreprise d'erreur. Aussi avons-nous, dans leurs écrits, non seulement la principale source - la seule jusqu'à ces derniers temps - où nous puisons la connaissance de l'enseignement gnostique, mais aussi la toute première théorie de sa nature et de son origine. Pour eux, prononcer que le gnosticisme, ou ce qui en lui dénaturait la vérité chrétienne, provenait de la philosophie hellénique, c'était dresser l'acte de son accusation ; pour nous, c'est là une hypothèse parmi d'autres possibles, qui vaut comme telle, qui est pertinente au diagnostic historique du phénomène, et qu'il convient de juger selon ses mérites.